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Publier ou périr : la montée de l’inconduite dans la recherche

L’environnement de la recherche est en état d’hyperconcurrence. Les chercheurs se bousculent pour obtenir des subventions et des emplois. À une époque où l’on accorde une grande importance à l’évaluation des performances universitaires, on assiste à une prolifération des cas de mauvaise conduite dans la recherche et des cas d’abus de confiance. des comportements douteux.

Une concurrence intense et une évaluation inadéquate peuvent créer une culture qui encourage implicitement les comportements répréhensibles. Comment une évolution de la culture de la recherche peut-elle changer la donne ?

Fabrication, falsification et plagiat de données

Appelés les trois « péchés capitaux » de la recherche, la falsification, la fabrication et le plagiat (FFP) sont les principales préoccupations pour éviter les fautes professionnelles dans le domaine de la recherche. Qu’impliquent donc ces formes d’inconduite ?

La falsification est généralement connue comme l’altération ou l’omission de résultats de recherche (données) pour étayer des affirmations, des hypothèses, d’autres données, etc. La falsification peut inclure la manipulation d’instruments, de matériaux ou de processus de recherche. La manipulation d’images ou de représentations de manière à déformer les données ou à « lire trop entre les lignes » peut également être considérée comme une falsification.

La fabrication est la construction et/ou l’ajout de données, d’observations ou de caractérisations qui n’ont jamais eu lieu lors de la collecte de données ou de la réalisation d’expériences. La fabrication peut se produire lorsque l’on « complète » le reste de la série expérimentale, par exemple. Les affirmations concernant les résultats doivent être basées sur des ensembles de données complets (comme on le suppose normalement), alors que les affirmations basées sur des résultats incomplets ou supposés sont une forme de fabrication.

Le plagiat est peut-être la forme la plus courante d’inconduite dans la recherche. Les chercheurs doivent veiller à citer toutes leurs sources et à prendre des notes précises. Utiliser ou présenter le travail d’autrui comme le sien est un plagiat, même s’il n’est pas intentionnel. Lors de l’examen d’informations privilégiées, par exemple lors de l’examen de subventions ou de manuscrits d’articles de revues en vue d’une évaluation par les pairs, les chercheurs doivent savoir que ce qu’ils lisent ne peut être utilisé à leurs propres fins, car il ne peut être cité tant que le travail n’est pas publié ou mis à la disposition du public.

Comment la culture de la recherche peut-elle changer la donne ?

Faire de la recherche implique que les scientifiques consacrent leur passion et leurs connaissances à l’utilisation prudente et responsable des fonds qui soutiennent leurs travaux. Comment se manifeste donc la mauvaise conduite, si ce n’est en commettant une erreur ?

Bien que des mesures importantes soient prises pour réformer le cadre des compétences ou remodeler les systèmes d’évaluation, la culture de la recherche d’aujourd’hui est toujours propice aux fautes professionnelles. La concurrence féroce, le nombre limité de postes permanents, l’indice H, créent un environnement où l’on publie ou l’on périt. Souvent, des facteurs tels que l’âge, le sexe, la pression des pairs ou la direction ont été désignés comme coupables. Ce que l’on entend souvent, c’est que les assistants de recherche peuvent se sentir obligés de produire des résultats qui attireront l’attention des chercheurs chevronnés de leur institution, ce qui leur donnera l’occasion de travailler sur des projets plus prestigieux. De leur côté, les chercheurs bien établis peuvent être contraints d’obtenir des subventions importantes pour leur institution, ce qui peut être épuisant sur le plan émotionnel. Cependant, des études récentes suggèrent que la meilleure défense contre les fautes scientifiques consiste à examiner de près la culture de l’environnement de recherche. La critique mutuelle entre collègues est-elle encouragée ? Le programme de mentorat pour les jeunes assistants de recherche est-il solide ? Comment les membres de l’équipe sont-ils tenus responsables de la qualité de leur travail ? Lorsque la culture de l’institution affirme son engagement en faveur de pratiques de recherche transparentes et éthiques, le risque d’inconduite est réduit, ce qui protège non seulement la réputation de l’institution, mais aussi ses résultats.

À cet égard, le Luxembourg dispose de quatre organismes nationaux chargés de l’éthique et de l’intégrité de la recherche : Le Comité national d’éthique de la recherche (CNER), la Commission nationale de protection des données (CNPD), le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CNE) et la Commission nationale pour l’intégrité de la recherche – l’Agence luxembourgeoise pour l’intégrité de la recherche (LARI). De même, les acteurs de la recherche au Luxembourg ont mis en place de nombreuses initiatives pour promouvoir un environnement sain et propice à l’intégrité. Toutes les institutions de recherche ont élaboré des lignes directrices et des politiques relatives aux bonnes pratiques de recherche, à l’intégrité de la recherche et à l’éthique de la recherche. Dans la plupart des cas, le Luxembourg suit les lignes directrices du Code de conduite européen pour l’intégrité de la recherche, dont la nouvelle version rédigée par la Fédération européenne des académies des sciences et des humanités (ALLEA) et revue par Science Europe doit être publiée au second semestre 2023, et de la League of European Research Universities.

Parmi les nombreuses actions, l’Université du Luxembourg a mis en place plusieurs comités chargés de traiter les questions relatives à l’éthique de la recherche. Quant à l’Institut luxembourgeois de la santé, il propose des formations et des ateliers aux chercheurs en début de carrière afin de les aider à développer des compétences pour leur future carrière. Au Luxembourg Institute of Science and Technology, la sensibilisation aux bonnes pratiques de recherche, à l’éthique et à l’intégrité de la recherche fait partie du programme d’intégration des nouveaux employés. L’Institut luxembourgeois de recherche socio-économique a créé un comité d’éthique de la recherche (CER), dont l’objectif principal est de procéder à l’examen éthique des propositions de projets et (si nécessaire) des projets en cours menés par le personnel du LISER. Enfin, le Fonds national de la recherche du Luxembourg (FNR) joue un rôle de pionnier dans la promotion de la culture de la recherche, notamment en introduisant des CV narratifs.

En savoir plus sur la FAQ sur l’éthique de la recherche du LARI

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